La vie dans une goutte d’eau

La moule, coquillage pas si connu de nos plages

La moule, coquillage de nos côtes et d’ailleurs, est très commune et est même reconnue par ceux qui vivent loin de la mer. Petit mollusque aux valves noir bleuâtre, plutôt allongée et cuisinée sous toutes ses formes, on l’identifie et on la mange, mais la connaît-on réellement ? Entre biologie et histoire de sa culture, la moule nous réserve quelques surprises malgré son apparence anodine. Avec ça, vous ne la verrez plus de la même manière dans vos assiettes !

Des siècles de culture

Certains d’entre vous connaissent peut-être l’histoire de la culture de la moule, ou mytiliculture. Vieille de presque un millénaire, c’est par hasard qu’elle fut découverte. C’est après un l’échouage en 1235 d’un irlandais qui, pour survivre, se mit à poser un filet entre deux poteaux plantés dans l’eau, initialement prévus pour piéger des oiseaux d’eaux. C’est après un certain temps que le naufragé observa qu’une population de moule recouvrait presque entièrement la partie immergée des poteaux. Aujourd’hui, cette technique existe toujours et est parfois installée sur de grandes surfaces. La moule est le coquillage le plus consommé et la France en produit 60 000 tonnes chaque année sans que cela suffise au territoire. Elle est également un met prisé des pêcheurs à pied où des dizaines de tonnes doivent être prélevées sur nos côtes.

Petit cours de biologie à côté des frites

Nous les reconnaissons et les côtoyons habituellement depuis nos assiettes. Or, lorsqu’elles sont mélangées aux frites, nous ne faisons que les manger et nous ne les connaissons pas réellement. Tout d’abord, fixée à son rocher, la moule ne s’y accroche pas de la même manière que le ferait une huître qui elle, embrasse parfaitement le substrat. La moule, à l’instar des espèces de sa famille et du pétoncle, se fixe à une surface grâce à un filament qu’elle produit, nommé « byssus ». Ce filament, aussi nommé « soie de mer » fut utilisé de l’antiquité au moyen-âge pour confectionner des habits, davantage en méditerranée. Bien que notre moule n’ait pas été à l’origine de ces vêtements autrefois onéreux, elle intéresse fortement les scientifiques, car son byssus, formé par une base protéinée sécrétée par le coquillage, est considérée comme étant la colle la plus forte du monde (Rien que ça) !

Pour en savoir plus, je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous afin d’en apprendre plus sur ce matériau incroyable signé Diane Rottner pour « The conversation » :

https://theconversation.com/eleonor-comment-les-moules-tiennent-a-leur-rocher-165199

Aussi, pour manger et capter sa nourriture ainsi que le dioxygène dissout dans l’eau, cet animal filtre l’eau en créant un courant à l’aide notamment de ces cils vibratiles. Animal, végétal et bactérie se font donc attraper via un siphon inhalant et se collent à un mucus dans la cavité de la moule, la rendant donc omnivore. Le siphon exhalant, lui, renverra dans l’eau toute particule non désirée par le coquillage.

En terme de reproduction, chez la moule, les sexes sont séparés et la femelle peut pondre en une année entre 5 et 12 millions d’ovules, généralement entre mars et octobre. Cette impressionnante dissémination lui coûte toutefois beaucoup d’énergie et lui fait perdre une certaine partie de sa masse, ce qui la rend moins charnue dans cette période. Le naissain, lui, à partir de son premier millimètre, s’accrochera à un premier substrat comme une algue ou malheureusement du plastique et « migrera » par la suite sur un substrat plus robuste, comme une pierre.

Enfin, un petit animal comme elle seulement protégée d’une frêle coquille et sans moyen de fuite attire de nombreux prédateurs, dont l’Homme. Dans ce groupe affectionnant la moule comme repas, nous retrouvons quelques oiseaux, dont le goéland qui la laisse tomber sur des surfaces dures afin d’éclater sa coquille ou l’huîtrier pie qui se balade sur l’estran. Caché dans les rochers, nous retrouvons également les bigorneaux perceurs, comme le pourpre, avec en plus les étoiles de mer, les crabes, des poissons… Autant de diversités de prédateurs que de techniques de chasse spécialisée ou non contre la moule qui, quand elle a la chance d’y échapper, peut vivre jusqu’à 15 ans. En dehors de cette chance plutôt rare, une moule vit en moyenne 3 ans.

Une famille aux traits similaires

Noir bleuâtre ou parfois brune et rayonnée lorsqu’elle est jeune, allongée et mesurant quelques centimètres, la moule se démarque des autres coquillages par ces critères facilement observables. Pourtant, des coquillages de la même famille (les mytilidés) que la moule vivent dans le même milieu que cette dernière, avec néanmoins quelques différences. La modiole barbue et celle d’adriatique sont deux exemples que l’on retrouve dissimulés dans les rochers. Premièrement, la modiole barbue est… barbue, et ses poils sont dentés à la manière d’une scie. De plus, ses valves seront noires et elle vivra seule, contrairement aux moules. La seconde, originaire de la mer adriatique, est plus petite, aux bords moins bombées et est plus claire et rayonnée que sa cousine bleue. Elle est moins commune que la barbue mais ses valves peuvent être trouvées dans la laisse de mer, souvent échancrées tant elles sont fines.

Une aptitude alliant problèmes et solutions

Bivalve filtreur, la moule peut concentrer divers éléments toxiques tels que des produits chimiques ou des bactéries pathogènes, risquant de provoquer des problèmes de santé chez le consommateur final, l’Homme. Aussi, à certaines périodes de l’année, des micro-algues toxiques peuvent également se concentrer dans les chairs de l’animal, sans que ce dernier ne soit impacté par le problème (ex : Dinophysis spp). Pour une filtration d’environ 3L d’eau par heure, la moule est un des coquillages les plus sensibles à ces pollutions organiques et inorganiques. Lors d’une de ces contaminations, la pêche, et évidemment leur consommation sont interdites. Rappelons aussi que les cuire ou les congeler est inefficace car cela ne supprime pas le produit concentré. 

Dans ce problème, les scientifiques y trouvent une opportunité : ils utilisent la moule comme indicateur biologique de la qualité des eaux. Sa filtration permettant de capter des particules fines d’à peine un micron, la moule est bonne pour prévenir l’arrivée de ces problèmes.

Petit rappel sur les mailles et quotas

Tant qu’à parler de ce coquillage, rappelons que son prélèvement sur l’estran ne doit pas dépasser 300 individus et la maille à respecter est de 4 cm. Lors de sa période de reproduction ayant lieu de mars à octobre, rappelez-vous qu’elles sont moins charnues. Évitez également de marcher dans les moulières où les jeunes moules évoluent afin de préserver votre pêche de l’an prochain, et tâchez de respecter leur milieu qu’est l’estran !

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